Marrakech
Marrakech, c'est difficile à raconter, c'est une ville qui se vit... Bruyante, très animée, parfois un peu étouffante, chaude, et orangée...
Les Marocains disent "Marrakech-Arnakech", c'est vrai que c'est plein de touristes, et donc plein d'arnaques en perspective. Mais pour nous, ce serait plutôt la ville des mobilettes. Il y en a partout, dans tous les sens, même au milieu des souks étroits et elles sont très agiles pour se faufiler entre la masse de gens qui se déplacent.
Il y a une jolie mosquée, qui s'appelle la Koutoubia. Au pied du minaret, il y a une tombe, blanche, une "koubba". Lalla Zorha, la fille d'un esclave affranchi puis devenu Imam, y est enterrée. On dit que la nuit, son âme devient une colombe et vole au dessus de la ville pour semer la paix. Du coup, il y a beaucoup de gens qui viennent s'y recueillir, et qui en profitent pour faire le voeu de ne jamais plus manger de pigeon ou de colombe... Sauf qu'il y a une spécialité ici dont rafolent les Marocains, c'est la "Pastilla", (c'est une espèce de patisserie feuilletée très spéciale à base de pigeon et d'amandes), alors tant pis pour eux...
Marrakech est aussi très connue pour sa place, qui s'appelle Jamâa El Fna (avant, c'est là qu'on décapitait les criminels et qu'on exposait leurs têtes, d'ailleurs, Jamâ El Fna, ça voudrait dire quelque chose comme "la réunion des trépassés"!! Sympa). Aujourd'hui, ce n'est plus aussi morbide, c'est plutôt folklorique. La journée, il y a des charmeurs de serpents, des musiciens, des diseuses de bonne aventure, des cireurs de chaussures, des marchands de jus de fruits pressés ou de fruits secs. Le soir, se rajoutent tout un tas de petits restaurants, de tagines, d'escargots, de patisseries orientales et de soupe Harira... Chaque échoppe a son numéro. Nous, un soir, on est allé mangé des frites au numéro 25, et elles étaient tellement bonnes, qu'on n'a pas pu s'empêcher de faire quelques compliments, le serveur était flatté et du coup, on a reçu d'autres portions comme ça, cadeau, et des salades, des saucisses, du thé à n'en plus finir... Comme quoi, ce n'est pas tant "arnakech". Quoique, on est quand même un peu décu de cette place où il vaut mieux être marocain et passer inaperçu, parce que à peine on jette un regard ou on tend une oreille vers l'une ou l'autre animation que tout de suite, il y a quelqu'un qui se ramène et nous harcèle assez agressivement pour qu'on lui donne des sous. On a l'impression que pour eux, on est juste des gros porte-monnaies ambulants, et c'est parfois très énervant (on veut bien donner une pièce, mais on veut d'abord en profiter un peu, normal).
C'est pour ça qu'on a surtout bien aimé se promener ailleurs, dans les petites rues... Parce que Marrakech, c'est aussi la ville du commerce, des souks, il y en a dans tous les styles, comme à Fes, et d'ailleurs, nous, on commence à s'y retrouver : on reconnait les épices, on sait ce que sont le rouge à lèvre et le cure dent berbère, et grâce à nos traversées de campagnes, on sait tout sur le safran, sur l'huile d'argan et l'eau de rose... On connait les étapes de fabrication des tapis, les façon de colorer les laines, de nouer, broder ou tisser grâce à notre visite à Taznakhte et à Tagoudichte. Ca épate les vendeurs, qui nous considèrent un peu différemment, et on se lance dans des discussions animées dans le fond de leur boutique... On a joué des percussions marocaines et du Gambri, une espèce de guitare, dont les cordes sont en boyaux de dromadaires, la caisse en peau de dromadaire et en bois de cèdre. On a testé plusieurs babouches, le top, c'est les "Adidas Berbères, 5 vitesses, marche arrière, climatisées" comme ils disent, les vendeurs... Nicolas s'en est d'ailleurs pris une paire. C'est comme ça que hier, on a passé notre soirée chez le roi de la Babouche, Abdelaziz, et chez sa femme, Khadija, la reine du couscous...
Autour d'un gigantesque couscous rien que pour nous et pour leur neveu, Mohammed qui travaille aussi à la boutique. A chaque moment comme ça, partagé dans les familles marocaines, on apprend quelques nouveaux mots d'arabe. Au bout de notre voyage, on pourra peut-être tenir une conversation !!!
Quel pays ! Mais voilà, c'est ici nos derniers jours en terre marocaine. Cet après midi, on prend un bus qui nous mène direct au nord, à Nador, d'où on prendra le bateau, direction l'Espagne et de là... L'ALGERIE !!!