De Fes à Ourzazate : traversée du Moyen et du Haut Atlas

Publié le par Cécile et Nicolas

Bonjour à tous de Ouarzazate ! Notre vélo est bien casé dans la chambre d'hôtel, notre lessive sèche, nous venons de nous remplir le ventre d'une excellente tajine au citron et maintenant, un noyau de datte dans la bouche, le moment est venu de reprendre contact avec vous. Au Maroc, il y a des Cyber Café partout, dans la moindre petite ville on en trouve... Celui où nous sommes est une toute petite pièce, et il y a plein d'ordinateurs, tout l'espace est utilisé. Mais l'ambiance est paisible, les gens chuchotent et il y a en bruit de fond de la chanson française, il ne fait pas trop chaud. Par chance, le clavier est comme chez nous, et on peut donc écrire les accents (ce qui n'est pas toujours le cas et explique pourquoi certains de nos articles sont sans accents)! Par contre impossible de charger des photos dans cet article, vous irez donc voir sur notre site de photos. On va bien, depuis Fes, on a eu des superbes journées de vélo avec du beau temps, et hier, on a passé le cap des 3000 km! On a pris le rythme du soleil: on se réveille vers 5h, et le temps de ranger la tente et de prendre le petit déjeuner et le soleil se pointe. C'est le moment de se mettre en selle, on voit les villages qui se réveillent, les gens qui partent au travail. On roule un maximum à la fraîche et on arrête de pédaler vers 2h, le temps de profiter un peu du reste...

Il faut dire qu'on mange comme des rois. On s'est mis à la cuisine du Maroc, au soir, on se cuisine des couscous aux légumes délicieux, assaisonnés au piment vert. Autre habitude locale: on achète notre viande chez le boucher et puis on l'ammène à l'un ou l'autre petit café où ils la font griller, avec une tomate ou un oignon. Ca fait des sandwiches super bons. On vit avec dix litres d'eau par jour, pour boire, se laver, cuisiner, faire notre vaisselle... On trouve l'eau dans les pompes à essence, et on en profite pour y jeter nos déchets de la journée (c'est le seul endroit où on trouve des poubelles!).
Donc aux dernières nouvelles, nous étions à Fes, à 415 m d'altitude, et on est parti pour les hauteurs de l'Atlas. Après Sefrou, jolie montée, traversée de petits villages en terre, irrigués de canaux, on voit beaucoup de gens, et des ânes, tout plein d'ânes... On traverse des grandes étendues d'arbres fruitiers, les femmes font la cueillette des pommes en chantant, les hommes ramassent les olives. On n'est jamais seuls sur les routes du Maroc! On passe une soirée super agréable autour d'un feu, avec les gardiens d'un champ d'abricots, et une fois n'est pas coutume, c'est nous qui invitons à notre "table", pour partager notre soupe!
 
Notre montée continue, avec un grand vent qui soulève le sable et crée des tempêtes, l'ambiance est impressionnante. On arrive au col de Tizi Abekhanes, à 1769 m, et de l'autre côté, grande étendue de cailloux, buissonneuse et ventilée. De temps en temps, des oasis viennent nous mettre un peu de vert dans les yeux, on y voit les gens qui labourent, avec leur araire et leur cheval. On va vers Boulemane, et on a vue sur le Mont Ayachi, aux sommets enneigés, et c'est fou quand on le voit de la chaleur du désert à ses pieds...
 
Après Midelt, nouvelle montée vers un nouveau col, le Tizi N'Talghaumt, à 1907. Les paysages restent rocailleux et on voit quelques tentes noires de berbères dans les montagnes. De loin, ils nous remarquent et nous crient des choses incompréhensibles et de toute façon emportées par le vent. Tout au long de cette montée, sur le bord de la route, des bouteilles sont posées sur des pierres, à vendre, mais jamais on ne voit le vendeur... C'est seulement arrivé au sommet qu'on comprend que c'est du miel, probablement de romarin (si on a bien compris), en rencontrant un vendeur bien solitaire mais apparemment habitué au commerce avec les touristes...
 
Après ce col, on bascule sur le versant saharien du Haut Atlas, et on passe de Reg (grandes plaines caillouteuses et sèches) en oasis, jusqu'au fameux tunnel du Légionnaire. Ce tunnel, on l'imaginait terrible, on avait sorti la lampe frontale et le gilet fluorescent en prévision. En fait, il ne faisait pas beaucoup plus que 30 mètres de long. Il était indiqué si grand sur notre carte! Peut-être est-ce le seul du Maroc. Quoiqu'il en soit, de l'autre côté du tunnel, on se retrouve dans les Gorges du Ziz, le oued est bordé par des courbes de montagnes rouges et un petit camping parfait nous y attend, avec thé et vue sur les falaises au soleil couchant.
 
Le lendemain, on traverse ces gorges, et on y rencontre des enfants en route pour l'école, qui nous invitent à venir découvrir la maison du couscous!! (sauf qu'on décline l'invitation, vu qu'il n'est que 6h du matin et qu'on en est au petit déjeuner...).
 
Ensuite, c'est parti pour du vrai désert, comme on l'imagine, sans ombres, avec de rares palmiers, quelques buissons pour seule verdure, on voit nos premiers dromadaires et quelques troupeaux de chèvres, souvent gardés par des enfants d'une douzaine d'années. On a du mal à croire qu'on est au mois de novembre. On traverse quelques villes, espacées de nombreux km, jusque 60!, Errachidia, Goulmina, Tinejdad... Un peu avant d'arriver à Tinerhir, la monotonie du désert est cassée par un rassemblement de gens sur la route, qui bloquent les cars de touristes... Une manifestation en plein désert !!! Suite aux pluies fortes de la semaine passée (quand on était à Fes), beaucoup de maisons se sont effondrées, et les gens réclament de l'argent à Mohamed 6, le roi, pour reconstruire...
 
On pénètre enfin dans la vallée du Dadès, où l'ambiance est inoubliable. Plein de petits villages très vivants se suivent, sur une quinzaine de km de long, et sur 500 mètres de large, surplombant une grande palmeraie, des amandiers, des figuiers et des peupliers. C'est un endroit où on produit énormément d'eau de rose.
 
On y a vu plein de casbahs, qui sont des anciennes demeures fortifiées, qui servaient autrefois d'abri pendant les guerres et qui aujourd'hui, si elles ne sont pas en ruine, servent de greniers. Ces Casbahs ne sont pas d'architecture arabe, mais berbère. Elles sont en "pisé", c'est à dire un mélange d'argile et de cailloux, avec des charpentes en bois de palmiers. Les murs sont très lisses, purs et dedans, des décors sont ciselés, des formes géométriques, des losanges, des carrés... Certaines casbahs ont été retapées et sont des hôtels ou des maisons d'hôtes, bon filon !! Nous, on trouve que ça ressemblait plutôt à des chateaux de sable, grandeur nature pour une fois! et puis souvent effondrés (c'est le propre du chateau de sable non ?). En tous cas, c'est magique et ça fait rêver...
 
Pour ceux qui s'inquiètent de l'état des routes et de leurs fréquentation, voici un petit calcul: entre Imassine et le col Tizi N'Taddert, il y a 17 km. Sur cette distance, nous avons croisé 57 voitures, camions etc. marocains et 42 véhicules étrangers.
 
Question numéro 1: Combien de véhicules croise-t-on par kilomètre ?
 
Question numéro 2: Quelle est la pourcentage de véhicules touristiques ?
 
Question logique: Comment dit-on "Col" en arabe ?
 
Question subsidiaire: Combien affichait notre compteur au col ?
 
Les réponses ainsi que l'adresse du participant sont à nous renvoyer avant le 15 novembre, une surprise sera réservée au gagnant...
 
Pour ceux qui n'ont pas trop la fibre matheuse, sachez que nos routes sont très agréables, en bon état, peu fréquentées sinon par le vent en début d'après midi... Mais elles sont pourtant bien vivantes:
 
On y voit des beaux camions en tôle peinte de plein de couleurs, aux chargements folkloriques: des moutons, des vaches, des chèvres, des poules, des gens, du bois, de la ferraille, des carottes, de la paille, et parfois tout ça mélangé !
Le co-voiturage est très pratiqué au Maroc, on voit des voitures pleines à craquer (6 à 7 personnes dans une 505 Peugeot ou une Mercedes) et des bus qui débordent, les portes grande ouvertes. L'essence a une odeur particulière qui rappèle la cuisson du pain. Nicolas en est devenu accro!
 
Le "co-vélotage" existe aussi ici, les gens sont a deux voire parfois à trois sur un vélo!! On comprend mieux pourquoi notre bon vieux Berzingue à tant de succès: un vélo exprès pour deux !!! En bons marocains, on s'y mettrait à 5 au moins dessus... On voit d'ailleurs beaucoup de gens en vélo et on fait parfois des courses, avec les jeunes qui s'en vont à l'école ou avec des vieux aussi. On rigole bien et en général on est les plus forts, sauf dans les montées. Dans tous les cas, ça nous fait bien avancer.
 
Les chiens aussi nous font avancer plus vite, ils font augmenter notre vitesse moyenne à toute allure. On a maintenant un baton sur le vélo pour se défendre au cas ou...
 
Sur les bords des routes, des gens marchent, des gens dorment, d'autres labourents, bèchent, gardent leur troupeau, certains tiennent des mini échoppes, de fruits secs, petits paniers, pots en terre... Ils
essayent toujours d'y trouver le modèle miniature qu'on pourrait leur acheter, pratique à emmener en
vélo. Tous les gens, sans exception, nous font signe, inlassablement...
 
Et puis on a notre petit succès, au sortie des écoles. Les enfants hurlent, courent, il y en a qui trébuchent et font signe même à terre. On entend plein de "Bonjour monsieur, bonjour madame, ça va?" et puis aussi énormément  de "Donne moi un stylo". Il parait que leur prof de français leur dit de dire ça aux touristes !!! On a même imaginé mettre un panneau sur le vélo qui dirait "La indana stylo fi nahnou", ce qui veut dire qu'on n'a pas de stylo avec nous... Parfois, les enfants nous aident dans les montées, en poussant notre remorque, il y en a même un, le gros malin, qui s'est jeté dessus pour qu'on l'emmène avec nous!
En tous cas, ici, on a bien senti vos vacances de Toussaint: on a vu des tonnes de voitures étrangères. On les voit en général se déplacer en convois: de motos, de 4x4, de camping cars, de vieilles voitures... mais toujours pas de vélos. Quand on voit des plaques immatriculées 42 ou des plaques belges, on fait des grands gestes. Il parait que le Maroc s'est donné comme objectif d'avoir 10 millions de touristes en 2010. Ca nous parait énorme, mais c'est clair que c'est une destination prisée...
 
Voilà, on vous a fait un bon gros résumé de notre traversée du nord au sud du Maroc, ce qu'on a vu et ressenti... Ce qu'on n'a pas dit, c'est qu'il y a parfois des moments plus difficiles, quand la route nous parait longue, le désert monotone, le soleil cuisant, le vent injuste (toujours toujours de face), la selle dure, les cuisses fatiguées, les gens envahissants... Bref, parfois, on se sent tout petits devant notre grand voyage plein d'inconnu. Dans ces moments là, on aime bien penser à ce qu'on va vous raconter ou à ce que vous nous avez écrit, on aime bien se dire qu'il y a une demoiselle anonyme (mais on sait qui c'est), qui aime Nicolas à la folie, et une autre qui a deux cécile's au dessus des yeux... Ca nous fait bien rire. Alors, même si c'est pour nous dire que vous avez bu de la soupe aux lentilles, tricotter un pull pour votre grand mère ou atttrapé un rhume, pour nous c'est toujours complètement intéressant. Merci de rendre notre blog vivant, grâce à tout ça, nous, on s'y sent un peu chez nous...
 
N'oubliez pas d'aller voir nos photos (www.surlesroutes.eu), ça vous aidera à avaler tout ce long texte, et puis bonne chance à nos traducteurs italiens qui font du super boulot!
 
Demain, on se met en route pour Tagoudicht, où nous allons rencontrer l'école!! C'est un minuscule village, qui n'est sur aucune carte, alors on espère qu'on va le trouver. On vous racontera... 

Publié dans surlesroutes

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J
salut les jeunes<br /> J'avais beaucoup de lecture et de photos en retard.... Je viens de terminer. Ca fait du bien un peu de soleil alors que la froidure est tombée Lyon. On a eu la chance de gouter plein de gateau pour la fin du ramadan (n'oubliezpas de ramener les recettes) et je mange régulierement du couscous... en boite... pour partager votre voyage. Vous nous faites vraiment envie avec ces photos et je constate que vous avez un vrai fan club international.<br /> Qui est ce qui est amoureuse de Nicolas... J'aimerai bien savoir...<br /> A la prochaine
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O
j' ai fais un bon de chemin avec vous c' est super !<br /> <br /> à bientôt, bon courage et gros bisous!!<br /> <br /> je vais maintenant deguster des maqrouts.
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E
Salut la jeunesse !Vous avez déjà fait un sacré bout de chemin depuis la Loire !Je ne pensais pas que vous iriez aussi vite, je me disais ils vont peut-être s'installer quelques jours dans un coin tranquille !Alexandre et Pierre sont très intéréssés par ce périple, surtout depuis votre arrivée au Maroc : il est vrai qu'ils sont allés à Marrakech. Ils demandent si Nicolas fait la course avec les dromadaires !Bonne routeet bon courage.Emmanuel
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E
foto 33: un eucalyptus. Pour faire marcher aussi votre cerveau dans un corps d'atlète:      ²1234567788O00°+ (je sais compter tout ça, qui suis-je?)<br /> ²&é"²&éé""le campdem est rigolo et y mange salade tous les soirs, des noix tous les soirs,
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M
Bonjour les voyageurs,<br /> Un petit mot pour vous dire combien je suis touchée par votre voyage/rencontre/beauté que vous relatez sur votre blog.<br /> Touchée par la beauté des rencontres, paysages, expériences ... touchée par la simplicité de ce que vous nous rapportez, par le beau caché que vous nous racontez.<br /> Touchée aussi parce que le Maroc m'a aussi séduite ... cela me donne vraiment envie de vous suivre dans la charrette (juste être une petite souris pour ne pas pédaler dans les montées ..).<br /> Emue car par votre voyage, vous faites vibrer des coeurs, dont le mien et je vous en remercie.<br /> Belle route à vous, belles rencontres et surtout profitez en bien.<br /> Bises de Belgique. Myriam
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